Lars Theiler

Lars

Lars Theiler, guide de montagne

J’ai toujours été attiré par les métiers de la montagne, mais pour pouvoir devenir guide de montagne, vous devez ou avoir le baccalauréat ou être au bénéfice d’un CFC (Certificat Fédéral de Capacité). Ayant aussi été attiré par le dessin, la technique, la construction, j’ai fait un apprentissage de dessinateur en génie civil. Puis, petit à petit, la montagne fut la plus forte. Mais j’avais un métier de secours au cas où je ne pourrais plus m’y rendre. J’ai passé tous les degrés de patentes de professeur de ski, y compris celle de formateur pour les professeurs, mon brevet de guide de montagne (formation de trois ans) et celui, à part, de chef de sécurité pour les remontées mécaniques suisses.

Chef de sécurité ?

J’atteste la sécurité pour l’ouverture des pistes de ski. C’est moi qui autorise telle ou telle ouverture de piste en fonction de sa sécurité. C’est d’ailleurs la même procédure avec des clients privés, c’est le guide qui prend les décisions sécuritaires.

Il est à noter que Lars a été pris en février 2010, dans une avalanche dans l’exercice de la sécurisation de la piste de la Combe d’Audon. Il s’en est sorti avec des fractures, mais grâce à son air-bag, il est resté en surface. Si un homme de sa compétence peut être pris dans une avalanche, cela devrait faire réfléchir certains gros malins du type «No Risk, no Fun», mais qui nécessitent les efforts et les risques de la colonne de secours !

Au niveau de la Commune, comme ailleurs en Suisse, à la suite du drame des Haudères en 1999, chaque année on se rencontre en début de saison pour répéter la procédure d’urgence en cas d’avalanches, refaire la liste des propriétaires de chalets situés en zones dangereuses, pour que tout soit en place si elle arrive. Après, c’est de l’appréciation, ce n’est pas mathématique une avalanche. Un câble de téléphérique, on peut le radiographier, compter les torons cassés et calculer sa portance. Pour les avalanches, il n’y a pas de normes, c’est l’appréciation d’un groupe d’experts, de montagnards, ce ne sont que des avis humains. (ça ne serait pas un peu caractérielle, une avalanche ?)

Mon travail, actuellement, c’est chef de la sécurité pour les remontées mécaniques, mais mon métier, c’est guide.

Qu’est-ce que vous aimez dans ce métier ?

La liberté. Pour celui qui ne se fait pas pièger par l’appel des affaires et du profit, un choix de travail gigantesque : Trois semaines de Haute-Route avec des clients, puis on part au Kilimanjaro avec d’autres clients, on fait un trecking la semaine suivante, et on se retrouve en Grèce à faire de l’escalade.

Mais, dans la nature, la liberté se paie très chère. D’abord, il est difficile de concilier son métier avec une vie de famille équilibrée, lorsque vous êtes constamment loin avec des clients. Aussi, lorsque vous êtes en montagne et qu’il fait tellement beau, on ne pourrait pas être mieux ailleurs, mais d’un coup, vous pouvez vous retrouver à deux doigts de la mort, en face de situations très graves, face à la rudesse de la nature.

Le travail du guide est justement de définir où est la limite, et ne pas la dépasser. Combien de fois, on s’arrête avant le sommet. L’intelligence, ce n’est pas d’écouter sa tête lorsqu’on est en montagne, mais ses tripes !

Ce que j’aime aussi, c’est que les gens, en montagne, souvent, tombent le masque. Ils sont plus sincères et les contacts humains beaucoup plus purs.

lctheiler@bluewin.ch